Un article paru dans Capital le 22 août 2024 fait état des travaux de plusieurs chercheurs publiés sous l’intitulé « Santé mentale et expérience subjective du chômage : une approche psychodynamique du travail » parus sur le site de la DARES le 13 août 2024.
FO salue ces travaux qui mettent en lumière et qualifient scientifiquement les constats que nous faisons et dénonçons depuis longtemps, et leurs effets sur les agents de notre institution et les demandeurs d’emploi. Ils font notamment ressortir :
- La déshumanisation des relations avec les demandeurs d’emploi due à l’automatisation et au fonctionnement de l’outil informatique
- Une organisation du travail maltraitante pour les agents
- Une culture de la performance portée notamment par les logiciels
- Les injonctions paradoxales permanentes, comme celle de faire de la qualité tout en faisant de la quantité
- Une partie de l’énergie psychique (des agents) est allouée à répondre aux injonctions à la prescription et à « soigner » les ICT
- Une configuration de changement permanent : orientations des politiques publiques, logiciels, plans d’action, etc.
- Un suivi chiffré permanent et omniprésent qui prend la place de l’activité principale, celle de l’accompagnement
- Des prestations inadaptées mais qu’il faut prescrire aux demandeurs d’emploi
- Un écart entre les attentes des demandeurs d’emploi et les attentes de l’institution
- Des demandeurs d’emploi dans une détresse psychologique grandissante face à laquelle les agents se retrouvent en grande difficulté
- L’utilisation d’une novlangue institutionnelle conduisant pour certains à une perte de repères psychique
- Une destruction des collectifs de travail par la seule mesure quantitative du travail réalisé, par les stratégies individuelles de protection face à la souffrance au travail, par les organisations du travail entre l’accompagnement et l’indemnisation, par l’opacité créée par l’externalisation- centralisation du CRE, les clans, les pratiques de cooptation, par la « spécialisation » des conseillers sur les modalités de suivi différentes, etc.
- Une précarisation de l’emploi au sein de l’institution mais également une incitation à la précarisation sociale en faisant la promotion de certaines formes d’emploi
- L’appauvrissement du métier et du travail notamment par la réduction des marges de manœuvre ou par la division du travail par la parcellisation des tâches
- La politique du changement permanent ayant notamment « pour visée d’éviter la constitution de micro-pouvoirs tant sur le plan collectif, en instaurant l’isolement, la désolation »
Ainsi, Pôle emploi crée de la souffrance au travail. Sa transformation en France travail n’augure aucunement un changement d’approche voire fait craindre un renforcement des processus cités ci- dessus. En effet, la loi plein emploi conjuguée à la convention tripartite, qui trouve sa déclinaison dans la feuille de route, mettent à la charge de France travail des exigences comme la recherche de gains d’efficience par l’automatisation et le développement de l’intelligence artificielle. Ceci pour faire face aux missions assignées sans dotation de moyens suffisants.
L’accompagnement de France travail par UiPath dans sa démarche d’automatisation par l’IA laisse craindre le pire. Cette officine met en avant sur son site internet la maxime suivante : « La transformation est une méthode de travail. Il n’y a pas de ligne d’arrivée. Découvrez comment l’automatisation et l’IA permettent de se réinventer en continu. » Ces méthodes visent à manager par le changement permanent, un changement permanent que nombre de nos collègues pointent comme une source de souffrance, un changement permanent des processus de travail et de l’outil informatique qui les mettent en situation d’insécurité face à leurs connaissances, à leur professionnalisme et qui sont pointées comme source de souffrance.
FO tire la sonnette d’alarme !
FO dénonce cette « méthode de travail » conduisant à des effets désastreux pour les personnes qui y sont soumises
FO dénonce la maltraitance institutionnelle ainsi induite
FO dénonce le procédé d’évaluation des risques psycho-sociaux taillé sur mesure pour Pôle emploi (devenu France travail) et à sa commande, qui vise à maquiller la réalité et l’ampleur des facteurs qui les induisent
A cela s’ajoute une précarité des emplois au sein de notre institution. 11% des effectifs sont en CDD. Des collègues en CDD qui exercent des missions pérennes, à l’accueil des agences, en suivi de portefeuilles, en plateforme téléphonique… Des collègues en CDD à qui on annonce souvent du jour au lendemain à l’entrebâillement de la porte que leur contrat n’est finalement pas renouvelé. Quelle violence de la part du service public de l’emploi !
Cette violence a atteint des sommets lorsque notre collègue et camarade Julie, en consultant sa fiche de paie, à découvert son solde de tout compte, France travail ayant mis fin à son contrat de travail pendant qu’elle était en congés. Sans entretien ni coup de fil de la DR, encore à ce jour, et ce malgré les engagements pris en ce sens ; sans aucun ménagement, sans se soucier de l’être humain derrière le « contrat de travail ».
FO apporte tout son soutien à Julie et condamne les agissements de France travail
FO dénonce la précarisation de l’emploi par le recrutement de CDD chargés de réaliser des tâches relevant de l’activité pérenne de l’institution, celle d’accompagner et indemniser les demandeurs d’emploi
FO revendique la CDIsation de tous les collègues en CDD
Pour FO, il est urgent de changer de paradigme !
Paris, les 11 et 12 septembre 2024