Le contraste est on ne peut plus saisissant. D’un côté des travailleurs, dont des Smicards, qui peinent à joindre les deux bouts, de l’autre le monde des patrons du CAC 40, qui affichent sur 2021 des rémunérations records. L’an dernier, révèle la société spécialisée Scalens, leur rémunération moyenne était de 8,7 millions d’euros, deux fois plus qu’en 2020 ou encore 60 % de plus qu’en 2019.
En 2021, la rémunération annuelle des patrons du CAC 40 équivaut à plus de 440 fois le Smic avec son montant revalorisé le 1er mai 2022. C’était 240 fois en 2015. Et c’est sans compter avec l’envolée des primes exceptionnelles, en moyenne 2,1 millions d’euros par dirigeant. Carlos Tavares (Stellantis, dont le siège fiscal est aux Pays-Bas) perçoit 19 millions d’euros (salaire fixe et primes), sans compter la part sur les objectifs, autour de 47 millions d’euros d’ici à 2028. Ce salaire récemment contesté par les actionnaires lors d’un vote, consultatif, a été adopté par le conseil d’administration du groupe.
DES CONTRAINTES BIEN LIMITÉES…
En France, depuis 2012, le salaire des dirigeants des entreprises publiques est plafonné et respecte un ratio maximum de 20 (écart entre la rémunération du dirigeant et le salaire ― moyen et médian ― des salariés à temps plein). Dans le privé, un code dit de bonne conduite a été établi en 1995 par l’Afep (association des entreprises privées) et le Medef, puis durci en 2013 (création du Haut Comité de gouvernement d’entreprise/HCGE). Le principe : un vote, consultatif, des actionnaires sur le salaire du patron. Le HCGE ne prévoit toutefois ni contrainte ni sanction.
Après le scandale sur le salaire de Carlos Ghosn (Renault) en 2016, la loi Sapin 2 a institué en 2017, dans les entreprises cotées, l’obligation d’un vote des actionnaires sur la rémunération des dirigeants, laquelle est sans aucun plafond. En cas de vote négatif, ce qui est très rare, seule la part variable et exceptionnelle n’est pas versée. En 2019, la loi Pacte a institué le « ratio d’équité », sorte de principe comparatif non contraignant.
En 2019, tenant compte de l’ensemble des entreprises cotées, le ratio s’établissait à 53 (rémunération du patron 53 fois supérieure au salaire moyen dans l’entreprise) ou à 72 fois la rémunération médiane. Et au sein des grosses entreprises du CAC 40, le ratio est bien supérieur.