Le bureau de section fédérale des OSDD réuni le 5 juillet constate une aggravation des tensions entre la population et le gouvernement de notre pays dont l’évènement le plus tragique est la mort d’un adolescent de 17 ans, Nahel, tué par les forces de l’ordre pour un « refus d’obtempérer ».
S’en sont suivis des émeutes, des destructions massives, des pillages de magasins partout dans le pays.
S’il n’est pas question d’admettre ces violences, il faut les expliquer.
Depuis des décennies, une destruction consciente et coordonnée des services publics, de l’éducation nationale, mais aussi la disparition de la police de proximité voulue et organisée par les gouvernements successifs depuis plus de 20 ans ont conduit à cette situation.
La loi Hollande/Cazeneuve de 2017 a instauré de fait un « permis de tuer » en cas de refus d’obtempérer multipliant par 5 le nombre de tirs mortels.
Or, le gouvernement Macron a accéléré ce processus d’abandon de la population la plus précaire en aggravant les inégalités sociales. Les 500 familles les plus riches ont doublé leur patrimoine, les actionnaires n’ont jamais été autant rémunérés (80,1 milliards d’euros en 2022 pour les entreprises du CAC 40, un record !) tandis que 10 millions de Français vivent sous le seuil de pauvreté et que 8 millions dépendent de l’aide alimentaire.
C’est là où réside la première des violences, la plus sourde, la plus concentrée, la plus dangereuse. Et la réponse de ce gouvernement est la répression d’Etat, l’instrumentalisation des forces de l’ordre contre les revendications légitimes des travailleurs.
Des millions de travailleurs en grève, de jeunes, des retraités sont descendus dans la rue pour manifester contre la réforme des retraites et la seule réponse qui leur a été donnée, méprisante, glaciale, c’est l’utilisation de toutes les dispositions de la 5ème République en lieu et place du débat légitime qui aurait dû avoir lieu tant avec les organisations syndicales qu’avec l’Assemblée Nationale.
Non seulement Macron et son gouvernement volent 2 ans de vie aux travailleurs avec leur réforme des retraites, mais ils mettent en place le travail gratuit avec la réforme du RSA.
Déjà un article du Monde du 25/02/2014 présentant une enquête sur l’état d’esprit des jeunes avait titré : « Frustrée, la jeunesse française rêve d’en découdre ». En conclusion, l’enquête relevait un sentiment d’être méprisé, une envie de révolte.
Cette manifestation de violence n’est pas une fatalité mais la suite tristement logique de politiques menées depuis des années.
Depuis, la situation a empiré et ne pourra qu’empirer si le gouvernement ne revient pas à un comportement « normal », c’est-à-dire respectueux des règles démocratiques. Il porte l’entière responsabilité de cette violence qu’il a lui-même provoquée.
Dans un tel contexte de déni ou de surdité volontaires du gouvernement, comment imaginer que les libertés individuelles et collectives par ailleurs déjà entamées par des lois successives (sécurité globale ou Hollande-Cazeneuve) ne vont pas s’intensifier et remettre en cause la liberté syndicale ?
La Section fédérale des OSDD réprouve le mépris affiché du gouvernement qui n’hésite pas à accuser les parents reportant ainsi sa responsabilité. Elle revendique :
- L’abrogation pure et simple de la réforme des retraites.
- L’augmentation générale des salaires et minima sociaux au niveau de l’inflation.
- Le rétablissement de tous les services publics sur tout le territoire.
- L’abrogation de la loi Hollande-Cazeneuve.
Paris, le 17 juillet 2023 La Section fédérale des OSDD